Grand-Peur et misère du IIIe Reich

Monter « Grand-Peur et misère du IIIème Reich » en 2012

Pourquoi ?

Brecht écrit : "O malheureux, ils torturent l’un de nos frères mais nous fermons les yeux. Il rougit de douleur, mais nous restons silencieux. Le bourreau regarde autour de lui, cherchant sa prochaine victime, mais nous nous disons : à nous ils ne feront rien puisque l’on reste immobile" »

Ne restons pas immobiles. Ne fuyons pas nos envies de pacifisme et d’optimisme de peur d’être estampillés « politiquement correct ».

Si dans « Grand-Peur et misère du IIIème Reich » Brecht touche à la question du nazisme de 1933 à 1938 et démontre comment il a nourri et s'est nourri de nos peurs naturelles dans toutes les situations humaines, dans tous les milieux sociaux, les questions soulevées par la pièce sont toujours d’actualité. Peur, misère, lâcheté, délation, violence, terreur n’ont pas déserté notre vocabulaire.

Je veux chercher à travers cette création la place du hasard, de la fatalité ou du libre arbitre qu’engendrent les évènements dramatiques historiques et dans quels retranchements ils peuvent nous pousser. Hommes et femmes confondues.
Qui peut objectivement avoir la certitude de sa toute « splendeur » face à la menace imminente de la perte des siens ?

J’écris plus haut : « Le nazisme s’est nourrit de nos « peurs naturelles » et pourtant je voudrais faire mienne cette phrase de Brecht dans « l’exception et la règle » :
“Ne trouvez pas naturel ce qui se produit sans cesse! Qu’en une telle époque de confusion sanglante, de désordre institué, d’arbitraire planifié, d’humanité déshumanisée, rien ne soit dit naturel, afin que rien ne passe pour immuable. “
La peur est-elle naturelle?

Comment ?

Je souhaite saisir l’intemporalité des situations et des questions que Brecht nous transmet dans
« Grand-Peur et misère du IIIème Reich  ».

Le choix des scènes est lié à ce souci d’intemporalité, tout autant qu’à la durée d’un spectacle n’excédant pas 2 heures, dans le souci permanent d’amener au théâtre le plus grand nombre de spectateurs, y compris en milieu rural.

Pour qui ?

Ce spectacle s’adresse à tous, à tous les âges, à toutes les classes, scolaires et sociales.
Je souhaite notamment toucher un public adolescent, à l’âge où il aborde l’histoire de la seconde guerre mondiale, ayant toujours à cœur de démontrer à travers le jeu nos réalités humaines.
J’ai souvent rencontré ces jeunes (suite aux représentations de notre spectacle « T’es TOI » sur les discriminations) et entendu qu’ils sortent de cours fatigués de subir toujours et encore le sort des « pauvres juifs », se questionnant sur l’intérêt, pour eux, aujourd’hui, en 2011, de tous ces chiffres, de toutes ces images en noir et blanc.
Pour ces adolescents, la bête immonde est morte et enterrée avec les dinosaures.

Créer aujourd’hui « Grand-Peur et misère du IIIème Reich » n’est pas pour en donner une énième représentation historique, mais bien pour continuer à nous indigner et à soulever les questions posées dans cette œuvre.
Ces questions font partie de notre combat.

Les Scènes de Grand-Peur et misère du IIIème Reich choisies

Référendum
Le mot d’ordre
La délation
Le libéré
Secours d’hiver
Le mouchard
Deux Boulangers
Au service du peuple
La croix blanche
L’heure de l’ouvrier
Placement de main-d’œuvre
Le sermon sur la montagne
Le paysan nourrit son cochon
La femme juive

Durée du spectacle : 1h45

A Alter Bencjan Feldman et Jürgen Zwingel
Myriam Zwingel, le 11/11/11